Le gâto du confinement
GATEAU AUX SAVEURS D'AVANT
Allant et venant sur mon balcon, je bouillais comme dans un bain Marie avec ce confinement qui n’en finissait pas... Pire, à force de manger des fonds de placards j’étais devenu un plat de riz au concentré de tomate : je me dégouttais. Révolté, j’allais tenter de me transformer en un gâteau « aux parfums des temps d’avant »...
De quoi je disposais ? De peu de choses il était vrai, si ce n’était d’une profusion de souvenirs…
Onirique et nu, je m’alanguissais sur mon plat à rêveries (mon lit) et laissais venir :
-tout d’abord une couche de cette huile solaire dont on nous badigeonnais enfant sur la plage,
- une saupoudrée de sels de la vie, pas toujours roses il est vrai, mais il en faut pour relever tout plat,
- je me malaxais avec le tout pour bien assouplir mes crispations du moment,
- relaxé, j’ajoutais une pluie de pétales de toutes les fleurs plus moins comestibles que j’avais ramassées tout au long de mes balades (et ça faisait beaucoup),
- je mixais les fruits imaginaires de mes rêveries solitaires et je les incorporais à ma préparation parfumée,
- je terminais par une bonne couche de miel, pour faire paradis, quelques larmes (de joie ou pas), pour me dire que j’étais vivant.
Il me restait à laisser infuser le tout pour être un homme comblé malgré le contexte. Je planais béat tout l’après midi...
Hélas , trivialement, des gargouillis m’interrogèrent : qu’allais-je manger le soir avec le peu qui me restait dans les placards et le frigo ? Encore du riz au concentré de tomates ! Mon imagination retomba comme une pâte faite avec un levain périmé : homme de peu de foi que j’étais…
« Ding ding ». Un texto de mon fils : « C pa drole le confinement avec des fonds de placard. Je t’amène des courses et 1 gato »…
Olivier Grenoble (confiné ....)